Nous venons de passer 9 jours à vélo dans le plus bel endroit que nous ayons traversé depuis le début de notre voyage. De la piste, du sable, des salars, des volcans, des paysages à couper le souffle, des bivouacs magnifiques et pas beaucoup de douche...
Nous quittons La Paz dans la grisaille et l'agitation. La route est
mouillée et bien glissante. La fièvre électorale monte
en Bolivie et pousse chaque corporation à sortir dans la
rue, la circulation est difficile et bien bouchée. Heureusement un sitting de
Boliviennes en costume traditionnel bloque un boulevard, dommage pour les
automobilistes mais cela fait notre bonheur : un boulevard pour nous tout seul.
Après un saut au marché des sorcières pour
acheter de l'alcool à brûler (on
craint de ne pas trouver de bois pour notre réchaud sur l'Altiplano) nous rejoignons la gare routière. La négociation est
plus longue que d'habitude, mais en moins de 45 minutes nos tandems sont rangés debout dans les soutes d'un bus partant pour Oruro.
Nous mettons 5 heures à rejoindre
cette ville par une route en travaux. Nous passons la nuit dans un hôtel bien
bruyant près de la gare routière.
Oruro |
J2 à J4 : Oruro - Sabaya
C'est sous un ciel bleu, à peine voilé de nuages, que nous découvrons l'Altiplano bolivien. Comme
au Pérou
c'est plat et les routes sont d'infinies lignes droites avec de belles
montagnes autour. Les couleurs sont magnifiques : terre rouge sur fond de ciel
bleu.
Mais en début
d'après
midi , ça
se gate : il n'y a plus de route mais une piste. Dans un premier temps nous
rusons en empruntant la route en construction, mais au bout de 14 km nous sommes
freinés
par le bitume pas encore sec ! Petite glissade du tandem de Jérôme et Emma sur le
goudron ...
Nous voilà sur la piste
poussièreuse avec les 4x4, les bus et les camions. Nous roulons bien moins vite et nous
sommes bien sales arrivés
au bivouac. Mais quel bivouac ! Un bivouac en bord de piste est bien plus calme qu'un bivouac en
bord de route, en plus il y a du bois ici !
Le lendemain nous savons que la tôle ondulée nous attend. La tôle ondulée c'est la
forme que prend la piste suite au passage répété des véhicules. C'est le cauchemar du cycliste, on a le
choix entre les secouses sur le milieu de la piste ou l'enlisement dans le
sable sur les côtés ! La conduite
demande plus de concentration et physiquement c'est difficile. Au fur et à mesure des kilomètres nous
apprenons à repérer les
endroits les plus propices à nos deux
roues. Des nuages de poussières sont soulevés par les véhicules qui
empreintent la piste, il y a de nombreux camions chiliens qui transportent des
véhicules asiatiques vers la Bolivie et reviennent à vide.
En fin d'après midi, miracle
! Nous apercevons une
route goudronnée
au loin, mais grosse déception
quand nous arrivons à
son niveau : la route n'est pas pour nous, il s'agit d'une route secondaire !
Mais quelques minutes après,
notre piste débouche
sur une belle route asphaltée,
nous sommes tellement contents que nous roulons comme des dingues ! Ce soir là
nous installons notre camp dans un patûrage d'alpagas qui défileront
fièrement
devant la tente pendant notre repas du soir.
Le troisième jour sur ce tronçon, nous roulons 96 km pour
rejoindre le village de Sabaya où nous trouvons un hôtel : grosse étape mais nous avons
vraiment hâte de voir les Salars. Sur
le trajet nous pouvons voir de grands troupeaux de camélidés mélangés
(lamas, alpagas et quelques vigognes). Différents arbustes plus ou moins odorants
composent la végétation de l'Altiplano dont se nourrissent
justement ces camélidés.
Les paysages sont de toute beauté avec, en fond, le Sajama qui est le point
culminant de la Bolivie à
6542m.
Juste avant d'arriver à Sabaya nous essuyons une mini tempête de sable qui déporte le pino de Delphine et Justin et le
fait chuter, une petite frayeur ! Nous passons juste côté du
territoire des Chipayas : des connaissances à Gérard
Jugnot et Frédéric Lopez depuis l'émission "RDV en terre inconnue".
Youpi !!!! |
Pas Youpi !!!!! |
Bivouac ... |
... avec du bois ! |
Même pas peur de la poussière |
Sabaya |
J5
et J6 : Le Salar de Coipasa
Après
une nuit à
Sabaya, douche chaude et vêtements
lavés
(il y a une machine à laver dans la cour de l'hôtel !) et le
plein de nourriture fait, nous prenons la direction du village de Coipasa par
une piste en tôle
ondulée.
Sur le trajet nous pouvons voir des chullpas : tombes aymara et chipaya en
forme de ruche. Au déjeuner
nous pouvons observer des petites tornades : l´une d'elle nous passe dessus et
fait encore chuter un vélo à l'arrêt cette fois ci.
Nous traversons un peu de salar pour rejoindre l'île de Coipasa sur le salar du même nom : premier émerveillement dans cet environnement si
particulier. Nous "accostons" sur l'île et plantons notre tente alors que le
vent souffle dejà
assez fort.
Le Salar de Coipasa se traverse en un jour, pour éviter le vent de l'après midi nous nous levons de bon matin.
Petite course dans la tienda du village tenu par un mal voyant qui nous informe
que nos amis cyclos Québecois
rencontrés à Cuzco sont passés par là un jour plus tôt !
On active le GPS et c'est parti sur le Salar, mais
Delphine subit sa première
crevaison du voyage, réparation
rapide (trop rapide) et quelques mètres
plus loin recrevaison... Le stress monte d'un cran ! Un couple de Chiliens, qui travaille
au Salar, s'arrête avec sa camionette et
nous rassure sur l'itinéraire à prendre. Ils nous attendent pour nous montrer la
"route" : merci à eux !
Ensuite
c'est Waouh !! Seuls dans l'immensité blanche avec au loin des montagnes bleutées. Le silence ! Juste le crissement des pneus sur le sel
: pas question d'allumer le vélo-radio
ici ! Justin, qui exprime rarement de
lui même
ses sentiments, n'arrête
pas de s'extasier. Il est, comme nous, sous le charme du lieu.
Pique nique au milieu de nulle part puis
traditionnelles photos truquées
: chacun y va de sa petite idée.
Enfin il est temps de repartir vers la côte
où
nous trouverons un magnifique endroit de bivouac au bord de la piste ....en
sable ! Ca promet pour la suite !
Finalement le vent ne s'est pas levé, les enfants en profitent pour jouer tard
dehors avec le sable. Il fait même assez doux alors que nous nous attendions à un climat très froid la nuit.
A Sabaya nous avons enfin trouvé des drapeaux Bolivien pour nos velos |
Tombes Chipayas |
Sur la piste vers Coipasa |
Bivouac avant Coipasa |
Bivouac avant Tauca |
Il nous en reste encore deux !!!! |
J7
et J8 : la piste inter-salar
Comme le sable de la piste ne s'est pas envolé durant la nuit, on commence par pousser
sur les tandems : on s'ensable, on peste puis ça roule un peu. Nous traversons les
villages de Tauca et Luca un peu fantomatiques (maisons parfois murées, personne dans les rues...). A Luca, un
Bolivien nous fait un portrait élogieux
du président
Morales, le progrès
viendra par lui c'est sûr !
Nous ne croisons pas grand monde sur ces belles pistes, mais nous apercevons un
nandou : ça
change des lamas et autres alpagas. Ici tous les champs cultivés servent à la culture de la quinoa, qui est en
grande partie exportée.
C'est la période
des semis, il y a quelques tracteurs au
loin et surtout de la terre et de la poussière sur les pistes. Le soir le bivouac est
encore très
beau mais poussiéreux,
les enfants organisent des jeux avec des pierres, des bâtons et des tracés au sol ; ils sont bien habitués à la
vie au grand air. Justin utilise même
sans être
gêné des crottes séchées
de lama en guise de billes ....
Le lendemain nous repartons en direction de la
bourgade de Salinas, nous aimerions atteindre le petit village de Tahua en
bordure du Salar d'Uyuni, mais la route est longue et difficile. La journée
commence par une longue côte
sur une piste : nous poussons les vélos.
Une camionette passe par là et
nous propose de nous embarquer, nous acceptons, les vélos sont chargés dans la benne qui transportait déjà un
jeune homme, une femme et son bébé en plus du matériel de chantier. Nous découvrons que la côte était
beaucoup plus longue que ce que l'on voyait du bas. Nous sommes bien secoués dans la benne mais nous arrivons sain et sauf à Salinas. La suite du chemin consiste à contourner le magnifique et très coloré volcan Tunupa qui culmine à 5400m. Nous choisissons de le contourner par l'ouest : nous
pousserons beaucoup les vélos sur le sable et nous
ferons du VTT sur de petits chemins avec des cailloux, nous traverserons des
villages fantômes. Heureusement les
enfants nous aident et gardent le
moral.
Nous
arrivons peu avant 18h à Tahua où nous dévorons une double tournée de salchipapas (saucisses frites) avec 2 litres de soda. Nous
dormons dans un petit hotel sans douche chaude mais sans poussière !
Oû ca des beaux paysages ? |
Chargement des vélos dans un camion |
Le volcan Tunupa |
A droite ou a gauche ? |
Le volcan Tunupa de l'autre côté |
Salchipapas pour tout le monde |
J9
et J10 : Le Salar d'Uyuni
L'étape
vers l'île
d'Inca Huasi étant
courte et facile, 42 km sur du plat, nous trainons un peu avant de partir. Nous
arrivons à
l'heure du déjeuner à l'île
sur laquelle de nombreux touristes ont accosté en 4x4. Nous goûtons au lama dans le
restaurant de l'île
: super bon, il y a même
des crêpes
au déssert !!! Le vent se lève dans l´après midi donc nous restons dans le restaurant pour faire école. Nous en ressortirons pour visiter l'île et admirer ses nombreux cactus à la tombée du jour lorsque les 4x4 seront partis. Le
vent souffle très
fort, nous hésitons
à
planter la tente, on nous propose alors de dormir à l'intérieur dans une sorte de salle communale bien au chaud.
Le lendemain, nous quittons l'île au lever du soleil vers 6h30 et avons 70 km à pédaler
sur le salar pour rejoindre la côte
et 20 km de piste pour rejoindre Uyuni. C'est long et un peu monotone, nous
suivons la piste bien tracée
par les nombreux 4x4. Vers midi, un camping car breton nous double et s'arrête un peu plus loin sur le Salar avant la
sortie. Il s'agit de Christelle et Jean-Christophe, leurs 2 enfants et leur chien Bidule qui vont toujours tout droit (mais jamais dans le mur) avec leur
camion de déménagement aménagé
pour leur voyage d'un an en Amérique
du Sud. Nous les avions brièvement
rencontrés la
veille sur l'île
avant la nuit. Nous nous arrêtons
pour déjeuner
avec eux et nous passons une bonne partie de l'après midi à papoter pendant que nos enfants sont
heureux de s'amuser avec Marlon et Izaiah. Finalement nous chargeons
les vélos dans leur grande
roulotte pour aller jusqu'à Uyuni, merci à eux car la piste semblait vraiment difficile : une belle tôle ondulée.
Les cactus de l'île Inca Huasi |
Le camping car de Christelle et Jean-Christophe avec Bidule (le chien) |
Uyuni
Nous avons
passé 2 jours à Uyuni pour nous reposer,
manger les meilleures pizzas d'Amérique du Sud, nous avons aussi laver les vélos (à cause du sel). Nous avons également visité le cimetière de trains, les enfants
ont adoré grimper sur ces vieilles carcasses !
Nous
avons aussi retrouvé Denise et Charles (les Québecois) qui
avaient un jour d'avance sur nous.
Et maintenant ?
Nous
avons hésité à repartir sur les pistes
vers Tupiza, mais comme nous voulons visiter la ville de Sucre nous allons
remonter vers le nord à Potosi ce qui devrait être plus simple car cette route est asphaltée. En plus nous serons accompagnés de Charles et Denise pour cette étape.
Beau parcours semble t'il avec pas mal de poussées même si vous avez évité Sajama > Sabaya qui semble encore pire...
RépondreSupprimerEnfin merci de nous servir d'éclaireur... ;-)
Nous sommes à La Paz et hésitons encore sur le parcours à prendre. De quel type de cartes avez vous utilisé? Question ravitaillement à quoi faut il s'attendre?
Superbe les photos...effectivement c'est à couper le souffle !
RépondreSupprimerLe vent par contre à l'air moins top....allez courage !!!
Ici, c'est l'été: 28° hier dans le Groland !!!!!!
Bisous
Toujours un récit exceptionnel!
RépondreSupprimerMerci beaucoup!!!
David B.
Merci pour les photos ,merveilleux souvenir. Joël à soufflé ses bougies sur le Salar !! grandiose.
RépondreSupprimerHâte de voir la suite de vos commentaires et les photos .
Bon courage !!!
Dany
Punaise, ça fait vachement envie (si je puis me permettre).
RépondreSupprimerUne magnifique aventure, les enfants en prennent plein la vue, et les parents aussi.
Et vous montrez que c'est possible avec des enfants, ce qui peut susciter des vocations.
Bravo !
C'est MAGNIFIQUE! Quel paradis!
RépondreSupprimerWhaouh! C'est chouette. Anne Marie
RépondreSupprimerMerci pour toutes ces belles photos!!!!!! Vivement que l'on prenne des vacances!!!! Bisous de Tata Val
RépondreSupprimerHello, pour sortir du Salar de Coipasa vous êtes passé à l'ouest ou à l'est de cette grosse montagne qu'on voit sur google en version satellite? Je ne trouve pas le village de Tauca sur la carte.
RépondreSupprimerLe Salar de Coipasa n'était pas trop humide?
Pour contourner le volcan Tunupa vous êtes passés à l'ouest parce qu'à l'est la piste est mauvaise?
Merci pour vos infos.
Merci pour ce partage. Je me régale depuis le début de votre aventure à lire votre périple. J'espère pouvoir réaliser un voyage en Amérique du Sud à vélo.( si je trouve un ou une coéquipier ) En attendant je le fais par procuration et c'est chouette aussi !
RépondreSupprimerNadine
Pas mal comme petite balade Ca a l'air assez facile quand même !!!
RépondreSupprimerLionel
Sympa les petites balades sur la tôle ondulée... :-)
RépondreSupprimerEst ce que les crêpes sont aussi bonnes qu'au pays du Kouign Amann et du beurre salé ?
En tout cas félicitations à tous, avec des journées à 100Km en tandem c'est un bon rendement.
Encore merci pour les photos...
Richard V.
Sacrées ambiance .... le ciel est terrible !
RépondreSupprimerIl y a pas moyen d'atteler les gosses pour aider dans les zones sablonneuses ???
Extra celle-là:
http://1.bp.blogspot.com/-CqUlJ-6OfT0/VBdRC2L0UrI/AAAAAAAAC8s/oOeowtwoukA/s1600/DSC03577_ld
Bravo continuez à fond !
Pas trop dur le vélo sur les pistes non bitumées ?
RépondreSupprimerTout ça donne des idées pour les voyages à venir ...reste à trouver le financement !
J'oubliai : c'est pas beau de tricher et de mettre son vélo sur un camion !
SupprimerBravo à la p'tite bande.
RépondreSupprimerUne question par rapport à vos tandems. Avez-vous une comparaison par rapport à des vélos standards pour rouler sur des pistes difficiles? Plus la galère ou idem?
Bonne route
Phil
www.rosyphil.com
Salut Jérôme ! (& tha family, que je ne connais pas)
RépondreSupprimerJe n'ai jamais commenté, mais je suis régulièrement vos aventures ici : superbes ces récits, ces photos, ces aventures ! Ca change de ton entreprise chérie qui, elle, hélas, ne change pas trop ! :-(
Bonne continuation à vous tous, merci de prendre le temps d'alimenter ce blog et de nous faire rêver...
Eric C.
PS : je note que tu bronzes plus au soleil sud américain qu'au soleil breton : différence d'intensité, peut-être ? :-)
PS : la tôle ondulée, j'ai expérimenté en Australie, en 4x4 : j'ai fait demi-tour au bout d'une 10 aine des bornes. Vous êtes courageux (ou vous n'avez pas le choix ^_^ ).
RépondreSupprimerCoucou Emma! Tout d'abord, merci beaucoup pour ta carte qui nous a fait très plaisir.
RépondreSupprimerC'est impressionnant ce que vous voyez! J'aimerais être avec vous.Quand j'ai vu vos photos avec les cactus géants,les animaux de la forêt amazonienne,on aurait cru un rêve! Sinon,moi,je suis dans la classe de madame Aulnette,avec Romane,Lou-Anne... Et,quand tu vas revenir tu seras dans notre classe pendant la dernière semaine!!! Pour l'instant, tout se passe bien. On sait qu'on va faire du kayak sur la Vilaine pendant l'année.
Je pense souvent à toi. Gros bisous. Léane
J'ai déménagé et je suis contente de ma maison elle me plait beaucoup .Ma première nuit s'est bien passée maman croyait que j'allais tomber du lit mais je suis pas tombé du lit.Gros bisous de Lisa
RépondreSupprimerAujourd'hui, c'était la mienne ! Demain, c'est ton tour, Alors : "Bonne Fête Jé !"
RépondreSupprimerSi tu as un Kdo à t'offrir, pense au coiffeur et de même pour ton fils : je ne vous ai jamais vu avec des cheveux si longs.
Mik.
Mais,vous êtes minus sur les dernières photos !!!!!
RépondreSupprimeril faudrait manger un peu de soupe (au poulet) !
Lucie